mardi 26 avril 2011

- Buenos Aires

Je viens d’atterrir et je vais directement à l’hôpital
Là ou ma si chère grand-mère doit être opérée demain
Une mauvaise chute samedi soir
Hospitalisation
Verdict
Il y a ici le meilleur chirurgien de la hanche
S’il faut reconstruire il le fera
Sauf que ma grand-mère est âgée
L’opération longue
L’anesthésie
Quand mon grand père à appelé Michel pour me joindre
(oui, je suis une technophobe, j’ai réussi à partir avec un téléphone sans chargeur)
J’ai immédiatement su qu’il fallait que je vienne
Même de là où j’étais depuis deux semaines
Là haut sur la montagne
Train, bagages, rendez vous raté (mais c’est une autre histoire)
Aéroport, vol transatlantique
Et me voilà au point de départ
Buenos Aires

Je l’ai vu tout à l’heure
Pale, si pale dans les draps paille
Elle dormait quand je suis arrivée
Je me suis assise près d’elle
Et j’ai pris sa main
Froide
Glacée
Ridée
La peau fine presque translucide
Que s’est-il passé Grand-mère depuis février
Depuis que nous nous sommes quittées
Depuis que tout allait bien
Oh mon Dieu, je ne veux pas qu’elle meure

Les gens que j’aime me quittent
Papa, maman…
Partis trop tôt
Michel, parti, revenu, parti revenu…
Michel volage, et ses conquêtes de passage
Michel revenu vers moi
À terre blessé
Mais que faire d’une relation brisée ?

Et Pierre ?
Pierre qui me fait payer le fait de m’attendre
De m’avoir trop attendue
Non, nous ne sommes pas ensembles
Mais dire à quelqu’un qu’on est son « amoureux »
Et coucher avec une (ou des) autre(s)
C’est aussi tromper
C’est faire croire à l’amoureuse qu’elle est l’unique
Alors que d’autres sont dans son lit
Pierre et Michel, deux hommes identiques quand il s’agit de sexe
De mensonges…

J’ai pleuré pendant presque tout le vol
D’angoisse pour ma grand-mère
Et chagrin pour Pierre

Notre relation arrive à son bout
Il était nécessaire que nous nous voyions
Je lui ai proposé de venir passer le week end avec lui
Mais monsieur avait réservé son week end à une conquête de passage
Une blonde, française, je l’ai rêvé
Mais mon rêve était trop réel pour qu’il soit totalement faux
Je fais parfois des rêves prémonitoires
Il m’a proposé Lundi soir de nous retrouver dans un bar
Près de chez lui
Il m’a proposé un plan cul
Pierre est très « plan cul » en ce moment
C’est aussi ce que me fait dire qu’il a une maîtresse
J’avais deux heures à lui consacrer avant de prendre mon avion
Par forcément le temps de faire l’amour
Mais au moins celui de se voir
Se regarder
Se sentir
Peut être s’embrasser
Donner un nouvel élan à notre histoire

Nous avons échangé quelques mails
Avant le rendez vous
J’étais aussi anxieuse
Que peut l’être une jeune fille à la veille
D’un bal de débutantes

J’ai regardé sur internet l’adresse du bar
Je lui ai envoyé un mail
Et j’ai sauté dans le taxi commandé au préalable

Ca roulait bien à Paris le lundi de Pâques
En à peine 20 minutes nous étions dans sa banlieue
Une petite rue calme et ensoleillée
Le bar est là
Pierre n’est pas là
Attendez ai-je dit au taxi
Attendez moi quelques minutes
Le bar est fermé
Tout fermé
Fermé le lundi

Pierre n’est pas là
Comme s’il n’avait pas su que son bar était fermé tous les lundis
Alors, celui de Pâques
Pourquoi aurait-il ouvert ?

Alors je comprends tout
C’est un lapin
Un lapin de pâques
Pierre a ruminé sa vengeance
Depuis l’épisode du Pont des Arts
Il me fait payer le lapin que je lui ai posé bien malgré moi
Il n’avait pas l’intention de venir
Il ne pensait pas que je viendrait
« je vais te mettre cher » m’avait-il dit
J’avais cru à une allusion sexuelle
Peu délicate
Non, il s’agissait de me planter là
Au milieu de nulle part
Dans sa banlieue sordide
Tout comme le bar qu’il m’avait décrit
Quelle naïveté

Heureusement le taxi là
Il m’attend
« un problème mademoiselle ? »
Non, juste un jeune homme qui m’a posé un lapin
Je vais être en avance à l’aéroport
Je vais avoir le temps de trainer au Duty Free

J’ai presque envie de rire
De ma betise
De ma naïveté
Mais oui, Pierre a quelqu’un d’autre
Et pour que je me détache de lui une bonne fois pour toute
Il me poignarde d’un lapin

Dans le taxi je ris
Je ris comme une folle
Le chauffeur rit avec moi
Je lui raconte le lapin de Pâques
Le lapin de Pierre
Je vais m’envoler
Pour une destination bien plus sérieuse

A l’aéroport
J’appelle Michel
Il est encore sur la route
Avec ses deux enfants
Je lui raconte mon rendez vous raté
Il me dit  « tu vois, même quand tu veux me quitter pour un autre
Il ne veut pas de toi, c’est un signe, non ? »
Peut être…

Je raccroche et envoie un texto à Pierre
Non, je ne lui en veux même pas
J’ai compris sa leçon
J’ai compris qu’il en a une autre
Et moi j’ai des choses à faire outre atlantique

J’envoie le texto et mon téléphone vibre de toute son âme
Il reçois des messages
Des appels en absence
Aurait-il essayé de m’appeler ?
Je ne le saurais pas tout de suite
Le maudit instrument du Diable (aka le téléphone)
S’éteint
Je ne sais pas où est mon chargeur
Le maudit instrument du Diable ne tient plus sa charge
Alors, je vais au bar et commande un verre de bordeaux blanc

Encore plus tard dans l’avion
J’ouvre mon notebook
Et relis les mails échangés
Nous avons échangé une vingtaine de mails avant le rendez vous
Et puis un mail me frappe « à tout à l’heure au jardin d’eden »
Me dit-il
Oui, nous serons au paradis des amoureux
Et le mail d’après : « le bar s’appelle l’eden café »
Mais ce n’est pas du tout là où nous avions rendez vous
Je me suis rendue au Home sweet Home
Nous avons toujours parlé du Home sweet Home, jamais de l’Eden café
J’ai loupé un mail, je n’étais pas au bon endroit

Il doit être écrit que notre rencontre sera compliquée

J’ai pleuré jusqu’à m’endormir
Je devrais lui écrire
Ou l’appeler
Mais pour quoi lui dire ?
Que je me suis trompée de café ?
Qu’il n’a pas été clair dans le lieu du rendez vous
Qu’on ne change pas de lieu de rendez vous au dernier moment ?
Le pourrir ?
Parce que je me suis trompée ?
Je pourrais faire preuve de mauvaise foi
Je sais faire
Il le sait

Je pourrais l’appeler dix fois
Jusqu’à ce qu’il me réponde
Et l’engueuler pour m’excuser ?
Je sais faire aussi
Il le sait

Mais je ne vais pas le faire
Pour deux raisons
D’abord, parce que tu lis mon blog Pierre
Alors, je ne vais pas tout répéter
Ensuite parce que je sais que tu as quelqu’un d’autre

3 commentaires:

Emmanuel a dit…

C'est bon de vous lire à nouveau, même si votre vie n'est toujours pas de tout repos...

Velia a dit…

Merci Emmanuel
à quand le plaisir de vous lire à mon tour ?

Emmanuel a dit…

Il faudrait que je m'y remette, effectivement...

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